La mise en conformité avec la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) impose des règles strictes de reporting en matière de durabilité. Cette directive a pour objectif de renforcer la transparence des entreprises concernant leurs impacts sur l’environnement et la société, tout en les incitant à intégrer les enjeux ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) dans leur stratégie.
Face à ces nouvelles obligations, il peut être difficile de savoir par où commencer et quelles actions privilégier.
C’est pourquoi, dans cet article, on vous guide étape par étape pour comprendre comment prioriser vos actions CSRD de mise en conformité.
C’est parti !
1. Faites un audit de votre activité
Pour commencer, vous devez analyser les performances ESG de votre entreprise pour repérer ses forces et ses faiblesses en matière de durabilité. Cela passe donc par la collecte de vos données ESG.
Cet audit doit permettre, entre autres, d’identifier les principales sources d’émissions carbone. Ici, réaliser un Bilan Carbone® est fortement recommandé : il permet de repérer les postes les plus émetteurs, de mesurer vos émissions (scopes 1, 2 et 3), et ainsi de planifier des objectifs de réduction alignés sur l’Accord de Paris. Ce bilan est d’ailleurs une obligation de la norme ESRS E1 de la CSRD dédiée au changement climatique.
Vous devrez également analyser votre processus de production, notamment votre consommation d’énergie, l’utilisation des matières premières ou encore la gestion des déchets en fin de vie.
Sur le plan social, examinez les conditions de travail, la diversité, l’inclusion et l’engagement communautaire.
Enfin, pour la gouvernance, vérifiez la transparence des décisions, les mesures contre la corruption et le respect des pratiques éthiques.
Cet audit permet de poser les bases d’une stratégie de durabilité solide et alignée sur votre activité et les exigences de la CSRD.
2. Identifiez les risques et opportunités liés à la durabilité
Après avoir évalué vos performances ESG, vous devez aussi analyser les risques liés à la durabilité, car ils peuvent avoir un impact sur la performance financière de votre entreprise.
Ces risques se divisent en trois catégories :
- Les risques physiques : les effets du changement climatique qui peuvent perturber la chaîne d’approvisionnement, comme les catastrophes naturelles.
- Les risques de transition : par exemple, les évolutions réglementaires, les attentes croissantes des investisseurs et des clients en matière de durabilité, ou encore les coûts nécessaires de mise en conformité, notamment pour la CSRD.
- Les risques de réputation : une stratégie qui n’est pas accès sur la durabilité peut entraîner une perte de confiance des consommateurs et des investisseurs, qui risquent de se tourner vers les concurrents.
💡 Cette analyse des risques est aussi l’occasion de repérer des opportunités, comme : l’accès à de nouveaux marchés grâce à des produits à faible empreinte carbone, l’amélioration de l’efficacité énergétique donc la réduction des coûts, l’attraction d’investisseurs sensibles aux enjeux ESG donc des opportunités de financements, une meilleure gestion des ressources limitant ainsi les pénuries, etc.
3. Élaborez une matrice de matérialité
Après avoir pris connaissance de votre impact et identifier les risques et opportunités, vous devez réaliser votre matrice de matérialité. Cet outil permet d’identifier et de prioriser les enjeux ESG en fonction de leur degré d’importance (matérialité) pour votre activité, tout en prenant en compte les attentes des parties prenantes (investisseurs, clients, collaborateurs, régulateurs, etc.).
Autrement dit, cette matrice permet de prioriser vos efforts là où ils ont le plus d’impact afin de créer une stratégie durable et alignée sur les attentes de chacun.
💡 Bon à savoir : on parle de matérialité financière lorsqu’un enjeu a un impact important sur les finances de l’entreprise, et de matérialité d’impact lorsque l’activité de l’entreprise impacte l’environnement et la société. Combinées, on parle d’analyse de double matérialité : la clé de voûte de la CSRD.
4. Cartographiez et consultez vos parties prenantes
Les parties prenantes, internes et externes, jouent un rôle clé dans la définition de vos priorités en matière de durabilité. Il est donc essentiel de recueillir leurs attentes et leurs retours pour identifier les domaines où les exigences sont les plus fortes et ainsi mieux orienter vos actions. Mais avant ça, pensez à dresser la liste de toutes les personnes qui interviennent dans votre chaîne de valeur pour être sûr de n’oublier personne lors de leur consultation.
Pour prendre connaissance de leurs attentes, vous pouvez organiser des réunions d’équipe, réaliser des entretiens individuels ou encore proposer des sondages à vos fournisseurs et investisseurs. Ces échanges vous permettront de mieux comprendre leurs besoins et ainsi de les intégrer efficacement dans votre stratégie.
5. Établissez votre feuille de route avec vos objectifs et actions
Désormais, il est temps de construire la feuille de route de votre stratégie durable. Pour ce faire, vous devez établir vos objectifs ESG à court, moyen et long terme. Ces objectifs doivent être alignés sur les exigences de la CSRD, ses échéances et tenir compte de votre situation actuelle (précédemment identifiée) et de vos ressources disponibles (financières, humaines et techniques).
Ensuite, détaillez les actions nécessaires pour atteindre ces objectifs. Commencez par les actions liées aux domaines critiques identifiés grâce à votre analyse de double matérialité. Priorisez aussi les actions à faible coût mais à fort impact, qui génèrent des résultats rapidement. Vous pouvez aussi lancer des projets pilotes avant de les développer à grande échelle. Cela vous permettra de juger de leur efficacité et de réduire les risques associés à la mise en place de nouvelles pratiques.
Prenons l’exemple d’une entreprise du secteur industriel. Si ses usines représentent une part importante de ses émissions de carbone, elle pourra prioriser des actions comme l’installation d’équipements énergétiques plus performants afin de répondre à ses objectifs de décarbonation. En parallèle, si les retours des parties prenantes montrent une forte attente en matière de conditions de travail, l’entreprise pourra lancer un programme de formation pour renforcer la sécurité et l’inclusion sur le lieu de travail
6. Établissez vos ressources
Pour assurer l’efficacité de vos actions, vous devez allouer vos ressources disponibles (humaines et financières).
Constituez alors une équipe pluridisciplinaire en intégrant des collaborateurs des départements RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), finance, ressources humaines et direction. Chaque membre apporte ainsi une expertise complémentaire.
Prévoyez également un budget flexible qui inclut une marge pour les imprévus ou les ajustements nécessaires au fil de l’avancée.
7. Suivez de près votre stratégie
Pour garantir que vos actions permettent d’atteindre vos objectifs et assurent la conformité à la CSRD, il est essentiel de mettre en place un système de suivi.
Celui-ci doit intégrer plusieurs éléments clés :
- Des indicateurs de performance (KPIs) : Ils vous permettront de suivre les progrès réalisés et d’évaluer l’efficacité de vos actions, notamment concernant l’intensité carbone, votre consommation énergétique, le pourcentage de déchets recyclés, etc.
- Des rapports périodiques : Ces rapports vous aideront à identifier les actions qui nécessitent des ajustements, en fonction des résultats obtenus.
- Des outils numériques spécialisés : L’utilisation de logiciels dédiés à la gestion des KPIs ou à la production de rapports conformes à la CSRD simplifiera le suivi de vos actions et l’analyse de vos données.
En suivant ces indicateurs, vous serez en mesure d’ajuster votre stratégie et d’assurer une gestion continue de la conformité à la CSRD, tout en renforçant la durabilité de votre entreprise.
Mise en conformité de la CSRD : Pour conclure
En bref, résumons les étapes clés pour prioriser vos actions CSRD de mise en conformité. 👇
- Effectuez un audit de votre entreprise pour comprendre son contexte, ses forces et faiblesse ;
- Identifiez les risques et opportunités auxquels vous êtes confronté ;
- Réalisez votre matrice de matérialité pour concentrer vos efforts là où ils auront le plus grand impact ;
- Consultez et impliquez vos parties prenantes dans la définition de vos priorités ;
- Définissez clairement vos objectifs et actions bas carbone pour limiter votre impact sur l’environnement et contribuer à l’atteinte de la neutralité carbone ;
- Assurez-vous de disposer des ressources nécessaires pour mener à bien votre plan d’action ;
- Suivez attentivement votre stratégie et ajustez-la si besoin pour rester sur la bonne voie.
En adoptant une approche structurée et progressive, vous positionnez votre entreprise sur une trajectoire durable, attirant ainsi investisseurs et clients, tout en renforçant votre résilience face aux défis actuels et futurs.
Ainsi, répondre à la CSRD n’est pas qu’une question de réglementation : c’est aussi une véritable opportunité pour construire une stratégie ESG pérenne et efficace.