Comment construire un plan de transition conforme à l’ESRS E1 ?

Avec l’entrée en vigueur de la CSRD en janvier 2024, les entreprises concernées doivent publier leur reporting extra-financier – et ce, courant 2025 pour certaines. Pour les accompagner et garantir une meilleure harmonisation de ces rapports, des standards ont été mis en place : les normes ESRS.

Parmi celles-ci, l’ESRS E1 se concentre sur le changement climatique.

Elle impose, entre autres, aux entreprises de réduire leurs émissions à travers une stratégie de décarbonation. L’objectif est de comprendre comment leurs activités contribuent au réchauffement climatique et quelles actions elles mettent en place pour réduire leur impact (le plan de transition).

Alors, comment élaborer un plan de transition conforme à la norme ESRS E1 ? Quels éléments doit-il inclure ? Et comment en faire un levier stratégique pour l’entreprise ?

Ici, les 5 étapes pour construire un plan de transition ESRS E1.

 

 

Étape 1 : Construire une trajectoire de décarbonation

 

 

Pour aligner leurs activités sur l’Accord de Paris – limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C – les entreprises doivent désormais adopter une trajectoire de décarbonation claire, atteignable et ambitieuse. Cela nécessite alors de mettre en place des objectifs de réduction des émissions brutes de gaz à effet de serre (scope 1, 2 et 3). Ces objectifs doivent obligatoirement être exprimés en valeur absolue pour 2030 et si possible 2050. L’intensité carbone peut être utilisée en complément si nécessaire.

Par exemple, une entreprise peut viser une réduction de 30 % de ses émissions de gaz à effet de serre (GES), exprimées en tonnes équivalent de CO2 (tCO2e), sur une période de 5 ans avec une année de référence.

Notons ici que le recours à la compensation carbone et absorption ne doit être envisagé que dans un second temps et pour un volume limité d’émissions dites « résiduelles ». L’idée est d’inciter les sociétés à réduire leurs émissions à la source plutôt que de chercher à les compenser.

 

 

Pour établir ses objectifs de réduction, l’entreprise doit d’abord identifier et quantifier ses émissions de GES. La réalisation d’un Bilan Carbone® est alors essentielle.

 

Elle devra aussi préciser dans son reporting la méthodologie utilisée pour définir ses objectifs : le référentiel SBTi (avec ses approches sectorielles ou absolues) ou le scénario Net Zéro de l’Agence Internationale de l’Énergie.

 

💡 Bon à savoir : Pour répondre aux attentes des investisseurs, il est essentiel que le plan de transition couvre tous les scopes. Cependant, de nombreuses sociétés rencontrent des difficultés pour obtenir des données concernant l’amont et l’aval de leur chaîne de valeur, ce qui complique la définition des objectifs du scope 3.

 

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Étape 2 : Partager les leviers de décarbonation

 

 

Ensuite, l’entreprise doit détailler ses actions bas carbone avec :

  • La description qualitative: la nature et les actions réalisées pour atteindre les objectifs fixés comme l’amélioration de l’efficacité énergétique, l’adoption d’énergies renouvelables, la collaboration avec des fournisseurs engagés dans une démarche RSE, la mise en place d’une économie circulaire, etc.
  • La description quantitative : une évaluation chiffrée de l’impact de chaque action sur la réduction des émissions pour évaluer leur efficacité.
  • Le calendrier de mise en œuvre des actions: à court, moyen et long terme.

Tous ces éléments permettent d’évaluer l’ambition et la crédibilité de la stratégie. Autrement dit, l’ampleur des efforts envisagés par l’entreprise pour atteindre ses objectifs, ainsi que la solidité et la fiabilité de sa politique environnementale.

 

 

Étape 3 : Calculer et publier les émissions verrouillées

 

 

L’entreprise doit aussi estimer ses émissions verrouillées : celles produites par ses infrastructures, équipements et produits à long cycle de vie, depuis l’année de reporting jusqu’à la fin de leur durée de vie opérationnelle.

Par exemple, si l’entreprise choisit (ou prévoit) d’installer des panneaux solaires, elle doit prendre en compte les émissions associées à leur production, leur installation et leur maintenance durant toute leur durée de vie – bien que ces panneaux contribuent à une réduction des émissions sur le long terme. Ces émissions verrouillées peuvent aussi provenir des moyens de transport utilisés à l’avenir ou de l’exploitation de chaudières industrielles.

Alors, comment les calcule-t-on ? C’est simple : multipliez l’intensité carbone (émissions par unité d’activité) des infrastructures, équipements ou produits par :

  • Un facteur d’activité propre à ces éléments (par exemple, la capacité de production ou l’utilisation prévue) ;
  • L’estimation de leur durée de vie.

Le calcul de ces émissions est essentiel, car cela permet de s’assurer que les objectifs de réductions sont réalistes et atteignables face aux émissions verrouillées. Cette prise en compte est d’autant plus importante pour les secteurs grandement émetteurs, comme l’énergie, l’industrie, le transport et le bâtiment.

 

👉 Notons là aussi que les investisseurs s’intéressent de près à ces émissions. Cela leur permet de comprendre les potentiels risques auxquels les entreprises s’exposent : coûts liés aux taxes sur le carbone, nouvelles régulations, problèmes de réputation, etc.

 

 

Étape 4 : Faire part des ressources financières dédiées au plan de transition ESRS E1

 

 

La crédibilité du plan de transition de l’entreprise dépend également des ressources financières et humaines qu’elle consacre à sa mise en œuvre. Car oui, pour une politique bas carbone efficace, il faut se donner les moyens.

Ainsi, la norme ESRS E1 impose aussi à l’entreprise de détailler :

  • Les montants des dépenses d’investissement pour de nouveaux équipements et infrastructures (CapEx) ;
  • Les dépenses opérationnelles (OpEx) liées au plan de transition (mise en œuvre des actions) ;
  • La manière dont ce plan repose sur ses ressources disponibles ;
  • L’alignement du plan de transition avec sa stratégie globale et financière.

Les entreprises doivent lier leurs informations financières aux critères définis par la Taxonomie européenne. Cette dernière définit des règles spécifiques pour identifier les investissements considérés comme durables d’un point de vue écologique. L’objectif est de montrer que la société consacre réellement ses ressources à des actions bénéfiques pour l’environnement.

 

Étape 5 : Suivre la stratégie de décarbonation

 

Conformément à la norme ESRS E1, les sociétés doivent établir un suivi rigoureux de leur plan de transition afin d’évaluer les progrès ou écarts par rapport aux objectifs fixés.

Pour établir un système de suivi, l’entreprise doit mettre en place des indicateurs clés concernant :

  • Ses émissions totales de GES et celles par scope ;
  • Sa consommation d’énergie et son mix énergétique (énergies fossiles, nucléaire et renouvelables) ;
  • Ses investissements dans des technologies propres.

 

Pour terminer :

 

Quelques conseils pour réussir son plan de transition climatique

 

  • Identifier les risques (physiques et transition) et opportunités climatiques (innovation durable, optimisation des coûts énergétiques, etc.), conformément à la CSRD;
  • Éviter le greenwashing en privilégiant plutôt la transparence et l’intégrité des données ESG (Environnementales, Sociales et de Gouvernance) ;
  • Intégrer le plan de transition à la stratégie globale de l’entreprise ;
  • Partager la politique avec les équipes internes afin de favoriser leur engagement ;
  • Informer les parties prenantes externes, notamment les investisseurs, sur le plan de transition afin de bénéficier de fonds et ainsi soutenir les actions environnementales.

 

Plan de transition ESRS E1 : le récap

 

Vous l’aurez compris, le plan de transition est un élément clé du reporting climatique imposé par la CSRD. Il permet de répondre à de nombreuses attentes et obligations de la norme ESRS E1 sur le changement climatique : leviers de décarbonation, ressources allouées à sa mise en œuvre, calcul des émissions de CO2 et objectifs de réduction des émissions. Finalement, ce plan est comme un résumé de l’ESRS E1.

Enfin, n’oubliez pas : construire une politique de décarbonation n’est pas qu’une question de réglementation. C’est aussi l’opportunité de redéfinir la stratégie d’une entreprise et ainsi d’améliorer sa résilience et compétitivité. Bien entendu, cela permet d’engager l’entreprise dans la lutte contre le changement climatique et de contribuer à l’atteinte de la neutralité carbone collective !

 

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