Enjeux du climat dans la RSE et la décarbonation
Face à l’urgence climatique, intégrer le climat dans la démarche de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est devenu un pilier stratégique pour les organisations de toute taille. Régulateurs et investisseurs exigent plus de transparence et d’actions concrètes : plus de 9 700 entreprises se sont engagées dans l’initiative Science Based Targets fin 2024, et la nouvelle directive CSRD en Europe impose une transparence ESG accrue.
Dans ce contexte, un plan d’action climat dynamique est indispensable pour piloter la décarbonation des activités.
Nombre d’entreprises se contentent toutefois d’un reporting ponctuel bilan des émissions de GES (gaz à effet de serre) annuel (ou pluriannuel) et rapports RSE périodiques qui offre une photographie à intervalles fixes de leur empreinte carbone.
Or une approche statique montre vite ses limites.
À l’inverse, une démarche itérative et continue de la stratégie climat, faite d’ajustements réguliers, de test-and-learn et de pilotage agile, se révèle plus efficace pour réduire les émissions.
Reporting ponctuel vs approche itérative : quelle différence ?
Le reporting ponctuel consiste à réaliser un état des lieux des émissions et des actions climat à fréquence fixe (souvent annuelle). Par exemple, une entreprise peut établir son Bilan carbone® réglementaire une fois par an.
le bilan GES est censé servir d’outil de pilotage interne pour développer des stratégies climat pertinentes. En pratique, ce rapport ponctuel reste le plus souvent un bilan rétrospectif : il permet de constater les émissions passées et de communiquer aux parties prenantes, sans forcément garantir un ajustement du cap entre deux exercices.
Ainsi, seulement 46 % des grandes entreprises rendent compte des actions opérationnelles qu’elles mettent en place pour limiter leurs émissions, et moins d’une sur deux lient la performance climat à la rémunération de leurs dirigeants. Un reporting isolé, même annuel, tend donc à rester déconnecté du pilotage quotidien.
À l’inverse, une approche itérative implique un cycle d’amélioration continue. Plutôt que d’attendre le prochain rapport pour faire le point, l’entreprise suit de près ses indicateurs climat tout au long de l’année, expérimente à petite échelle et ajuste en continu ses actions.
Ce pilotage agile permet de détecter et corriger rapidement tout écart sur la trajectoire carbone, sans attendre la fin de l’année.
Il ne s’agit plus de faire son Bilan carbone® une fois par an, mais d’en faire un outil de pilotage continu impliquant tous les métiers la donnée climat n’étant plus une simple obligation de reporting RSE, mais un véritable atout business pour l’entreprise.
Les bénéfices de l’itération continue
Adopter un pilotage climatique itératif et régulier présente plusieurs avantages :
Une adaptation en temps réel
En révisant fréquemment son plan climat, l’entreprise s’ajuste sans délai aux évolutions du contexte (réglementations, technologies, marché). Le suivi continu des résultats permet un apprentissage permanent et l’amélioration continue des mesures mises en œuvre, au lieu d’attendre le bilan de fin d’année pour réagir.
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La mobilisation des équipes
Une démarche climat vivante implique l’ensemble des collaborateurs. Chaque département intègre les objectifs carbone dans ses décisions courantes, et les données d’empreinte carbone partagées avec les équipes achats, production, logistique les habilitent à identifier elles-mêmes des leviers de réduction. Cette transversalité motive les équipes et diffuse la culture bas-carbone dans toute l’organisation.
Un ancrage dans les processus métiers
L’itération continue facilite l’intégration du critère carbone dans les processus décisionnels et opérationnels. Les décisions du quotidien (conception produit, logistique, investissements…) sont orientées en fonction de leur impact sur les émissions. Le climat devient ainsi une composante à part entière de la performance de chaque métier, au même titre que les critères financiers ou qualitatifs.
Une performance climatique renforcée
En pilotant de façon continue, l’entreprise sécurise mieux sa trajectoire de réduction d’émissions. Les écarts sont détectés tôt et corrigés, évitant les mauvaises surprises en fin d’exercice. Cette amélioration continue du plan de transition permet d’intégrer régulièrement les nouvelles connaissances scientifiques, technologies émergentes et évolutions réglementaires.
Des exemples concrets d’approche itérative
Plusieurs pratiques illustrent la supériorité d’un pilotage climat régulier sur un simple reporting ponctuel :
🔹 Adaptation régulière du plan carbone : Plutôt que figer la stratégie bas-carbone pour plusieurs années, une entreprise itérative révise et ajuste son plan d’actions au moins chaque année, en fonction des résultats obtenus et des opportunités nouvelles. Le plan climat reste ainsi toujours à jour et aligné sur les réalités du moment.
🔸 Revues fréquentes de la trajectoire : Un suivi mensuel ou trimestriel des émissions est mis en place. Un tableau de bord carbone permet de comparer régulièrement les émissions réelles aux objectifs intermédiaires. Au moindre écart, des mesures correctives sont déclenchées sans attendre (optimisation d’un procédé, ajustements opérationnels, etc.), plutôt que de découvrir le problème lors du rapport annuel suivant.
🔹 Comités climat périodiques : Instaurer un comité climat (ou élargir le comité RSE) se réunissant tous les trimestres permet de piloter la transition de près. Ce comité, incluant plusieurs directions, analyse les progrès et obstacles afin d’ajuster la stratégie en temps voulu. Une telle gouvernance active instaure une véritable discipline climat dans l’entreprise, comparable à la discipline financière
Conclusion
En définitive, passer d’un reporting ponctuel à un pilotage itératif du plan d’action climat renforce la réactivité et l’efficacité de la stratégie bas-carbone. Gérer le climat comme une composante stratégique du quotidien à l’image du pilotage financier ou opérationnel permet d’aligner l’entreprise sur une trajectoire durable. Les organisations pionnières l’ont compris : considérer le climat non plus comme une contrainte administrative annuelle, mais comme un enjeu stratégique géré en continu, procure un avantage.
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