Le Scope 3, c’est souvent le nerf de la guerre pour la décarbonation.
Pourquoi ? Parce qu’il couvre toute la chaîne de valeur : en amont (achats, production déléguée, transport), comme en aval (usage, maintenance, fin de vie). Et dans l’aéronautique, il peut représenter plus de 90 % de l’empreinte carbone totale.
Dans ce contexte, le Scope 3 devient un enjeu stratégique central pour tous les acteurs de l’industrie aéronautique.
Mais on s’y prend quand on travaille avec des dizaines, voire des centaines de partenaires industriels, parfois répartis aux quatre coins du monde ?
La réponse est juste là : dans votre chaîne de valeur. Et donc, elle passe nécessairement par la mobilisation de vos fournisseurs. C’est toute une stratégie de transition carbone de la chaîne de valeur qu’il faut activer.
Allez, on vous montre comment transformer votre supply chain en véritable levier de décarbonation, tout en maintenant votre performance et votre compétitivité.
Pourquoi le Scope 3 est-il central dans l’aéronautique ?
Le Scope 1 & 2 (énergie, flotte de véhicules, bâtiments) sont déjà maîtrisés par de nombreux industriels. Le Scope 3, en revanche, reste le point noir de nombreuses démarches.
Et ce n’est pas propre à l’aéronautique : dans de nombreuses entreprises industrielles, ce Scope 3 reste le maillon faible. Pour rappel, il regroupe :
🔹 L’achat de matières premières, composants, services
🔹 Le transport amont et aval
🔹 L’usage des produits vendus (durée de vie, consommation, maintenance)
🔹 La fin de vie.
Et en aéronautique, les pièces sont souvent complexes, co-conçues, multi-sources… Ce qui rend la mesure de l’empreinte carbone fournisseurs difficile mais aussi indispensable.
Passez d’un lien client-fournisseur à un partenariat bas carbone
Quand on parle de stratégie de décarbonation, on a souvent tendance à imaginer une approche punitive. Spoiler : ça ne fonctionne pas. Celle qui porte ses fruits, c’est la collaboration sur le long terme.
Voici les étapes clés pour transformer votre relation fournisseurs main dans la main :
- Cartographiez les fournisseurs les plus émissifs (ou les plus critiques pour votre activité). L’objectif étant prioriser les actions là où elles auront le plus d’impact (volume d’achats, criticité, innovation possible, etc.).
- Intégrez des critères RSE/carbone dans vos appels d’offres et vos contrats. Cela vous permettra de mettre dès le départ des attentes claires sur les engagements environnementaux et d’avoir une démarche alignée avec les attentes croissantes en matière de RSE dans l’aéronautique.
- Créez un dialogue technique pour co-définir des leviers de réduction, en organisant des ateliers, des revues de conception ou des échanges réguliers pour identifier ensemble des pistes d’amélioration.
- Accompagnez vos fournisseurs les moins matures. Vous avez trouvé LE fournisseur qu’il vous fallait. Sauf que la décarbonation, il n’y connait pas grand chose. Pas de problème : proposez-lui un accompagnement adapté.
Vos fournisseurs ont souvent des idées… il ne reste plus qu’à leur donner l’espace pour les exprimer.
Collecte de données : passez en mode pilotage
Beaucoup d’acteurs se contentent d’utiliser des bases de données (comme la Base Carbone) pour évaluer leurs postes « achats ». Problème : on arrive vite à des chiffres approximatifs et donc peu exploitables pour le pilotage.
Le bon réflexe ? Miser sur la donnée primaire :
Encouragez vos fournisseurs à mesurer leurs propres émissions : via des ACV (analyses de cycle de vie), des données matière, ou des procédés de fabrication.
Partagez des outils de collecte simples, standardisés, et accessibles à tous les niveaux de maturité.
Ciblez les informations les plus stratégiques :
- Type de matériaux utilisés
- Origine géographique
- Procédés industriels
- Type et poids des emballages
- Durée de vie des produits ou pièces
L’objectif est simple : disposer de données fiables et actionnables, pour pouvoir prioriser les bons leviers de réduction, au bon endroit.
Activez des leviers concrets de décarbonation
Une fois la donnée consolidée, place à l’action. Voici quelques leviers concrets déjà activés dans le secteur aéronautique :
♦️ Réduction du poids des pièces via l’éco-conception (eco-design)
♦️ Substitution de matériaux à forte empreinte (ex : aluminium recyclé, matériaux biosourcés)
♦️ Optimisation logistique : groupage, choix de modes de transport moins carbonés
♦️ Mutualisation des flux entre sites ou fournisseurs proches géographiquement
♦️ Réduction des consommables et des emballages non recyclables ou à usage unique
C’est ici que la transition carbone de la chaîne de valeur prend tout son sens : on ne parle pas seulement de conformité réglementaire, mais de performance industrielle durable.
Et si on s’inspirait de bonnes pratiques ?
Airbus a intégré des critères environnementaux dans son processus de sélection fournisseurs via le programme « Eco Supplier Rating ». Cela permet de :
🔹 Évaluer la maturité climat de leurs fournisseurs,
🔹 Identifier ceux capables de fournir des données primaires (ACV),
🔹 Donner un avantage concurrentiel aux fournisseurs engagés dans la décarbonation
Côté Safran, on travaille avec ses fournisseurs pour alléger les pièces via l’éco-conception et intégrer des matériaux recyclés ou biosourcés (comme des composites renforcés de fibres naturelles ou polymères issus de bio-sources). Cela leur a permis de réduire leurs émissions en phase de production et d’usage, tout en maintenant les performances mécaniques et la sécurité.
Enfin, Thales et Dassault Aviation ont revu leurs schémas logistiques pour :
🔸 Grouper les flux de transport entre fournisseurs proches,
🔸 Favoriser des modes moins carbonés (rail, fluvial, biocarburants, etc.),
🔸 Réduire les transports urgents ou en avion.
Alors, ça vous inspire ?
Le Scope 3 : LE levier stratégique pour l’aéronautique !
La décarbonation ne se joue plus seulement dans vos murs. Elle se construit avec votre écosystème, et surtout avec votre chaîne de valeur. C’est un changement de culture qui doit se faire : il faut passer d’une logique descendante à une logique coopérative. Une transition qui se construit avec de la méthode, de l’engagement… et une ambition collective.
Alors, vous aussi, vous êtes prêt·e à embarquer vos fournisseurs dans la transition ?
