Convaincre un Comité de direction (Codir) de s’impliquer dans une stratégie bas-carbone entreprise n’est pas toujours facile.
Certains dirigeants peuvent voir cet engagement comme une contrainte et non une opportunité. Ils s’inquiètent des coûts, redoutent une réglementation trop fluctuante, estiment qu’il y a d’autres priorités. Il y a aussi cette question du retour sur investissement : est-ce que ça vaut vraiment le coup ? 🤔
Pourtant, une stratégie bas carbone bien menée peut être un vrai levier de compétitivité ! Entre la pression des clients, des investisseurs et des nouvelles normes qui se durcissent, la transition bas-carbone devient un vrai enjeu stratégique.
Découvrez ici 11 arguments pour convaincre votre codir de s’impliquer dans une trajectoire bas carbone.
Stratégie bas carbone en entreprise : Définition et démarche
La Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) est la feuille de route de la France pour lutter contre le changement climatique et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Concrètement, elle donne la démarche à suivre pour entamer sa transition vers une économie décarbonée, circulaire et durable et peut être adaptée à toutes les entreprises (qu’importe leur taille et secteur d’activité).
La démarche se déroule ainsi. 👇
- Mesurer l’empreinte carbone de l’entreprise : Avant d’agir, il faut comprendre où se situent les principales émissions. Un bilan carbone® complet permet d’identifier les postes les plus émetteurs pour mieux cibler les actions prioritaires.
- Créer des indicateurs de suivi (KPIs) : Pour garantir l’efficacité de la stratégie, il est essentiel de suivre de près les actions réalisées afin de les ajuster si besoin et de communiquer sur les résultats.
- Mettre en place un plan d’action : Une fois le diagnostic posé, l’entreprise doit établir un plan structuré avec des objectifs clairs et des actions de réduction (efficacité énergétique, décarbonation des transports, achats responsables, etc.). Elle peut aussi, dans la continuité de la démarche, financer des projets d’absorption carbone pour compenser ses émissions résiduelles.
Convaincre son codir de s’impliquer dans une stratégie bas carbone : 11 arguments clés
Pour convaincre votre comité de direction d’adopter une politique de décarbonation, vous devez présenter des arguments clairs et impactants. L’idée est de leur montrer que cette transition n’est pas juste une contrainte environnementale, mais une véritable opportunité pour l’entreprise.
Voici donc les principaux arguments pour les embarquer. 🚀
1. Se différencier sur le marché : Aujourd’hui, les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux engagements environnementaux des entreprises. Ainsi, celles engagées attirent davantage de clients puisqu’elles répondent à leurs attentes. Vous renforcez donc la compétitivité de l’entreprise.
2. Accéder à de nouveaux marchés : Les appels d’offres (privés ou publics) imposent de plus en plus des critères environnementaux, comme la réduction des émissions, l’utilisation de matériaux durables, des certifications environnementales… Vous augmentez ainsi vos chances de remporter de nouveaux contrats face à vos concurrents.
3. Encourager l’innovation : Réduire l’empreinte carbone nécessite de repenser votre processus de production offrant parfois des solutions plus performantes et bien plus rentables à long terme.
4. Réduire les coûts : s’engager dans une trajectoire de décarbonation implique de baisser sa consommation énergétique et d’optimiser l’utilisation des ressources. Résultat : vous réduisez vos coûts opérationnels et vos factures.
5.Anticiper la hausse des prix du carbone : Avec la taxe carbone et les réglementations environnementales, émettre des émissions de gaz à effet de serre coûtera de plus en plus cher. Mieux vaut agir maintenant pour éviter des dépenses supplémentaires dans les années à venir.
6. Accéder à des financements verts : De nombreuses subventions et financements sont disponibles pour les entreprises engagées. Par exemple, les banques et investisseurs intègrent de plus en plus des critères environnementaux dans leurs décisions, considérant qu’une entreprise durable est plus compétitive et résiliente face aux défis climatiques.
7.Éviter des sanctions et anticiper les règlementations : Les normes environnementales se durcissent et ne pas s’y conformer peut coûter cher. En témoigne l’entrée en vigueur de la CSRD ou encore la taxonomie européenne. Il est alors préférable d’anticiper ces obligations plutôt que de subir les conséquences d’une non-conformité. D’autant plus que les sanctions peuvent être salées : exclusion des marchés publics, poursuites judiciaires, amendes, sans compter l’impact négatif sur l’image de l’entreprise auprès des investisseurs, clients et autres partenaires.
8. Limiter l’exposition aux risques : Dépendre de ressources fossiles ou de fournisseurs polluants devient de plus en plus risqué. Par exemple, l’entreprise peut subir une hausse des coûts des matières premières ou une rupture d’approvisionnement. Une entreprise engagée est alors mieux armée pour faire face aux futures crises climatiques et catastrophes naturelles.
9. Attirer et fidéliser les talents : Les jeunes générations privilégient de plus en plus les employeurs en phase avec leurs valeurs environnementales et sociales et engagés dans une démarche RSE. De plus, cela joue un rôle dans la fidélisation des équipes. Par exemple, donner l’opportunité aux salariés de contribuer à des projets à impact positif renforce leur motivation et leur engagement.
10. Renforcer la confiance des parties prenantes : S’engager dans une stratégie bas-carbone, c’est faire preuve de transparence sur vos actions, objectifs et résultats. Une communication claire et authentique montre votre sérieux et votre volonté d’agir. Cette démarche renforce la confiance des clients, investisseurs et autres partenaires qui cherchent désormais des preuves tangibles.
11. Protéger l’image de l’entreprise : Le greenwashing ou l’inaction face aux enjeux climatiques peuvent gravement nuire à l’image de l’entreprise et à son chiffre d’affaires. D’autant plus qu’aujourd’hui, les consommateurs, investisseurs et ONG scrutent les engagements environnementaux des entreprises et dénoncent celles dont les actions ne sont pas à la hauteur des discours. À l’inverse, adopter une démarche bas-carbone sincère et mesurable préserve la réputation de l’entreprise et renforce son attractivité.
Intégrer la réduction de l’impact numérique dans une stratégie bas carbone est un levier clé pour convaincre le Codir, en mettant en avant les gains économiques et environnementaux d’un numérique plus responsable.
Un argumentaire décarbonation percutant en 6 étapes
1. Commencez par un diagnostic clair : Mettez en lumière les enjeux actuels, qu’ils soient économiques, réglementaires ou réputationnels. Expliquez pourquoi il est urgent de passer à l’action avec des exemples de risques à court et moyen terme (évolution des normes, pression des parties prenantes, hausse des coûts des matières premières, etc.).
2. Présentez les bénéfices : Pour convaincre votre comité de direction, il est essentiel de parler en termes de rentabilité. Mettez donc en avant les bénéfices financiers qu’offre une stratégie bas-carbone : baisse des coûts de production, amélioration de la compétitivité, nouvelles opportunités de marché, accès à des financements verts ou renforcement de l’image de l’entreprise, etc. Rien de plus convaincant que des chiffres pour le codir !
3. Appuyez-vous sur des exemples concrets : Donnez des exemples d’entreprises du même secteur qui ont réussi leur transition bas-carbone. Appuyez votre propos avec, là aussi, des chiffres précis sur les économies réalisées par l’entreprise, son chiffre d’affaires, l’accès à de nouveaux financements, etc.
4. Proposez une feuille de route claire et simple : Présentez une approche progressive de la stratégie avec des actions concrètes et mesurables à court et moyen terme. Dans un premier temps, évitez d’évoquer des objectifs trop ambitieux pour ne pas décourager le comité de direction.
5. Montrez les risques de l’inaction : Insistez sur les conséquences négatives de l’absence de mesures comme l’exposition à des coûts plus élevés (taxe carbone, prix de l’énergie), la perte de compétitivité face à des concurrents plus engagés, la dégradation de son image, etc. Ne rien faire, c’est prendre le risque de devoir agir en urgence demain, avec des conséquences bien plus lourdes.
6. Rassurez votre codir : Enfin, pensez à présenter les outils et ressources disponibles pour faciliter la transition (subventions, aides à la transition énergétique, nouvelles technologies, partenariats avec des experts, etc.).
💡Quand présenter votre argumentaire ? Évitez les moments de rush et de stress, comme les périodes de clôture financière ou de lancement de gros projets. Préférez un moment plus calme afin que les membres du codir soient plus réceptifs et concentrés. Un cadre informel, comme un déjeuner, peut aussi être une excellente option pour créer une atmosphère détendue et favoriser des échanges plus fluides.
La réglementation bilan carbone évolue et impose aux entreprises une transparence accrue sur leurs émissions. Anticiper ces obligations permet non seulement d’éviter des sanctions, mais aussi de structurer une stratégie bas carbone alignée avec les attentes du Codir.
3 exemples d’entreprises ayant réussi leur stratégie bas-carbone
Pour vous aider à convaincre votre codir d’adopter une stratégie bas-carbone, voici trois entreprises qui ont su transformer cet engagement en un véritable levier de performance !
👉 En 2015, Danone a été l’une des premières entreprises à s’engager vers des émissions Net-Zéro d’ici 2050, conformément à l’Accord de Paris. Depuis, elle n’a cessé de renforcer sa trajectoire bas-carbone en misant sur l’agriculture régénératrice, la protection des ressources, l’amélioration de son efficacité énergétique et la transition vers des énergies renouvelables.
Qui plus est, chaque année, Danone mesure ses émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble de sa chaîne de valeur selon la méthodologie du Greenhouse Gas Protocol. Cet audit lui permet de fixer des objectifs de réduction validés par l’Initiative Science Based Targets (SBTi), garantissant ainsi une trajectoire alignée sur les enjeux climatiques.
Résultats : aujourd’hui 70 % des entités Danone dans le monde sont certifiées B Corp™. Et depuis 2020, l’entreprise est également devenue une société à mission, affirmant ainsi son engagement durable et responsable.
👉 Michelin, le fabricant de pneumatiques, a déjà réduit de 44 % ses émissions de GES liées à la fabrication (scope 1 et 2) par rapport à 2010 et vise une réduction de 47 % en 2030 (scope 1 et 2). Le groupe a formalisé son engagement au référentiel SBTI Net Zero Standard. L’entreprise s’engage également à limiter ses émissions résiduelles et mise sur l’innovation pour accélérer sa transition écologique.
- Elle fabrique des produits à haute efficacité énergétique, conçus pour minimiser leur impact tout au long de leur cycle de vie.
- Elle développe des solutions de mobilité connectée afin de diminuer les émissions liées au transport.
- Enfin, Michelin investit activement dans la mobilité décarbonée, en explorant des alternatives durables pour l’avenir du transport.
L’entreprise montre ainsi qu’un engagement bas-carbone peut rimer avec innovation et compétitivité.
👉 Eiffage, acteur majeur du BTP et des concessions, a mis en place une stratégie bas-carbone structurée autour de deux axes principaux :
1. La réduction des émissions en interne :
Eiffage s’engage à diminuer ses émissions de GES dans l’ensemble de ses métiers, avec pour objectif de réduire de 46 % les émissions internes (scopes 1 et 2) d’ici 2030, par rapport à 2019. Le groupe vise aussi une réduction de 30 % des émissions du scope 3 (en amont et en aval). Pour y parvenir, le groupe mise sur l’amélioration de l’efficacité énergétique des sites et chantiers, l’investissement dans des équipements moins polluants et la transition vers des sources d’énergie renouvelable.
2. Le développement d’offres bas-carbone
: Eiffage propose à ses clients des solutions techniques et commerciales à faible émission. Cela comprend l’utilisation de matériaux décarbonés, la conception de bâtiments à haute performance énergétique, le recours aux énergies renouvelables et la promotion de l’écomobilité.
Désormais, vous avez toutes les cartes en main pour convaincre votre codir de s’engager dans une trajectoire de décarbonation. Grâce à des arguments solides, un discours bien structuré, des chiffres et des exemples, vous pourrez facilement montrer que la transition bas-carbone n’est pas qu’un défi écologique. C’est aussi une opportunité stratégique pour innover, réduire ses coûts et se démarquer sur le marché.
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Au programme :
🔸 Introduction de 10mn sur les meilleures pratiques observées chez nos 200 clients pour embarquer leur CODIR et équipes
🔸 Discussions ouvertes de 35mn pour partager vos propres expériences et poser vos questions
Objectifs :
🌱 Comprendre les leviers d’engagement pour une démarche de décarbonation réussie
🌱 Bénéficier des retours d’expérience de vos pairs
🌱 Repartir avec des idées concrètes et applicables dans votre organisation