En 2025, la décarbonation n’est plus une option mais une nécessité stratégique pour les entreprises de toutes tailles. Face aux obligations réglementaires croissantes et aux attentes des clients comme des investisseurs, chaque entreprise doit apprendre à piloter sa stratégie bas-carbone de manière efficace.
Réduire son empreinte carbone permet non seulement de contribuer à la lutte contre le changement climatique, mais aussi d’innover, de réaliser des économies et d’améliorer son image de marque. D’ailleurs, selon une étude, 25 % des entreprises ayant engagé des actions de décarbonation constatent déjà un bénéfice financier annuel équivalent à plus de 7 % de leur chiffre d’affaires.
Alors, comment passer de l’intention à l’action et orchestrer avec succès votre stratégie climat ?
Voici 10 idées concrètes et inspirantes pour vous guider pas à pas dans la transition vers une entreprise neutre en carbone.
1. Réalisez un Bilan Carbone® complet de votre activité
On ne peut pas piloter ce qu’on ne mesure pas ! La première étape consiste donc à évaluer précisément votre empreinte carbone, c’est-à-dire l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par votre entreprise.
Réalisez un Bilan Carbone® complet en incluant les scopes 1, 2 et 3 – respectivement :
- les émissions directes (chauffage, véhicules, procédés industriels…)
- les émissions indirectes liées à l’énergie (électricité, vapeur, chaleur achetée)
- et les autres émissions indirectes (fournisseurs, déplacements professionnels, usage des produits, déchets, etc)
Cet état des lieux vous permettra d’identifier vos principaux postes émetteurs et de prioriser vos actions. En France, la méthode Bilan Carbone développée par l’ADEME est une référence pour calculer la totalité des émissions GES directes et indirectes d’une organisation. L’important est de disposer de données chiffrées sur lesquelles appuyer votre stratégie de décarbonation.
2. Fixez des objectifs de réduction alignés sur la science
Une fois votre Bilan Carbone® établi, il s’agit de définir des objectifs clairs de réduction des émissions à court, moyen et long terme. Vos objectifs doivent être ambitieux tout en restant réalistes et adaptés à votre secteur. L’idéal est de les aligner sur les recommandations scientifiques visant la neutralité carbone d’ici 2050.
Concrètement, cela peut signifier viser une diminution de X % de vos émissions d’ici 2030 et l’atteinte du net zéro en 2050, en couvrant l’ensemble des scopes définis précédemment.
En fixant ce cap dès maintenant, vous donnez une trajectoire à votre entreprise, une feuille de route climatique, et vous motivez vos équipes en affichant une vision à long terme. N’oubliez pas de communiquer ces objectifs en interne et en externe pour engager vos parties prenantes dans la démarche.
3. Élaborez une feuille de route détaillée et un plan d’actions de décarbonation
Des objectifs ne valent rien sans un plan d’actions concret pour les atteindre. La troisième idée consiste donc à traduire vos ambitions climatiques en un plan opérationnel couvrant l’ensemble des leviers de décarbonation. Listez les actions à mener pour chaque source d’émission identifiée lors du bilan carbone : amélioration de l’efficacité énergétique, changements de procédés, modification de la flotte de véhicules, plan de mobilité, optimisation des achats, etc.
Pour chaque action :
- assignez un responsable
- un budget
- un indicateur de suivi
- et un échéancier
Par exemple, si vos déplacements professionnels en avion représentent une part importante de vos émissions, votre plan pourra inclure la mise en place de solutions de visioconférence et une politique incitant au train plutôt qu’à l’avion, avec un objectif de réduction chiffré sur ce poste.
Priorisez les “quick wins” (actions rapidement rentables et faciles à implémenter) tout en préparant des changements plus structurants. Une feuille de route bien construite permet de passer du bilan à l’action et d’orchestrer la transformation de l’entreprise de manière progressive, en gardant le cap sur les objectifs fixés.
4. Mettez en place une gouvernance climat avec la direction
Piloter une stratégie de décarbonation requiert une implication forte de la direction et une gouvernance dédiée. En pratique, il est essentiel que la démarche bas-carbone soit soutenue au plus haut niveau de l’entreprise (CEO, comité de direction) afin de la légitimer et de lui donner les moyens nécessaires.
- Créez par exemple un comité climat ou intégrez la dimension carbone dans vos instances stratégiques existantes
- Désignez un référent climat (ou un responsable RSE/transition écologique) chargé de coordonner le déploiement du plan d’actions et le suivi des progrès. Dans les plus petites structures, ce rôle peut être assuré par le dirigeant lui-même ou un collaborateur sensibilisé aux enjeux environnementaux.
- L’ADEME recommande de constituer une équipe de référents en interne pour élaborer et suivre la stratégie de décarbonation.
Cette gouvernance permettra de clarifier qui pilote le sujet en interne, de faciliter la prise de décision (par exemple pour des investissements verts) et de s’assurer que la stratégie carbone reste une priorité dans la durée.
5. Sensibilisez et impliquez vos collaborateurs
La transition bas-carbone de l’entreprise doit être un projet collectif. Impliquer vos collaborateurs à tous les niveaux garantit une mise en œuvre plus efficace et fait émerger de nouvelles idées.
Commencez par sensibiliser vos équipes aux enjeux climatiques et à la stratégie de l’entreprise : ateliers de formation (comme la Fresque du Climat pour comprendre le dérèglement climatique), communications régulières sur les progrès et défis, etc.
Expliquez à chacun le rôle qu’il peut jouer au quotidien pour réduire l’empreinte carbone de l’activité. Par exemple, formez vos employés aux éco-gestes (éteindre les appareils inutilisés, éviter le gaspillage, trier les déchets) et encouragez-les à proposer des initiatives vertueuses. Vous pouvez lancer un challenge interne où chaque service doit identifier des actions pour diminuer ses émissions (optimisation des processus, réduction des déchets, idées d’économies d’énergie…).
Valorisez et récompensez les bonnes pratiques des employés engagés. En impliquant ainsi vos collaborateurs, vous créez une culture d’entreprise tournée vers la durabilité, où chacun se sent acteur de la décarbonation et fier de contribuer aux objectifs fixés.
6. Améliorez l’efficacité énergétique de vos installations
Réduire les consommations d’énergie est souvent le levier le plus direct pour baisser les émissions de GES (notamment sur le scope 1 et 2).
Commencez par traquer les gaspillages énergétiques dans vos bâtiments, entrepôts, usines ou bureaux. Des actions concrètes peuvent être :
- réaliser des audits énergétiques
- isoler thermiquement les locaux
- installer des équipements plus économes (machines de production, éclairage LED, systèmes de chauffage/climatisation de classe A, etc.)
- ou encore optimiser les réglages et la maintenance des installations. Par exemple, améliorer l’isolation et la gestion du chauffage/climatisation peut réduire de manière significative la consommation d’énergie d’un bâtiment.
Mettez en place un système de management de l’énergie (comme la norme ISO 50001) pour suivre en continu vos consommations et identifier les opportunités d’économies. En parallèle, pensez à verdir votre mix énergétique en ayant recours aux énergies renouvelables. Vous pouvez souscrire à une offre d’électricité verte auprès de votre fournisseur, installer des panneaux solaires sur le toit de vos installations, ou investir dans une chaudière biomasse/pompe à chaleur pour le chauffage.
Ces investissements bénéficient souvent d’aides publiques et s’avèrent rentables sur le long terme en réduisant votre dépendance aux énergies fossiles. Au final, une meilleure efficacité énergétique se traduit par des émissions en moins et des coûts opérationnels réduits.
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7. Réduisez l’empreinte carbone de votre chaîne d’approvisionnement
Pour de nombreuses entreprises, la majorité des émissions de carbone se situe hors de leurs murs, dans la chaîne de valeur (scope 3 amont et aval). Il est donc crucial d’intégrer vos partenaires, fournisseurs et sous-traitants dans votre stratégie de décarbonation.
D’abord, sensibilisez vos fournisseurs en leur communiquant vos objectifs climatiques et encouragez-les à mesurer et réduire leurs propres émissions. Vous pouvez aller plus loin en définissant une politique d’achats responsables : par exemple, privilégier les fournisseurs locaux ou éco-responsables afin de diminuer les transports et soutenir ceux qui partagent vos engagements environnementaux.
Réduisez l’impact carbone de vos approvisionnements en choisissant des matières premières à plus faible intensité carbone, en optimisant le packaging (moins de matériaux ou matériaux recyclés) et en limitant les déchets. Pour le transport de marchandises, optimisez le taux de remplissage des camions, regroupez les livraisons, et explorez des alternatives logistiques moins émettrices (fret ferroviaire, véhicules utilitaires électriques ou au biogaz, etc.).
Chaque étape du cycle de vie de vos produits peut être repensée : de la conception jusqu’au recyclage, cherchez à minimiser les émissions. En impliquant votre écosystème, vous multipliez l’impact de votre démarche climat. N’hésitez pas à co-innover avec vos partenaires sur des solutions bas-carbone, par exemple, co-développer une nouvelle matière première moins carbonée, afin que tout le monde avance dans la même direction.
8. Innovez dans vos produits et services pour le bas-carbone
Une bonne stratégie de décarbonation va au-delà des “petits gestes” et doit questionner le cœur de vos offres. C’est l’occasion d’innover dans vos produits, services ou procédés pour les rendre alignés avec un monde neutre en carbone.
Réfléchissez à l’éco-conception de vos produits :
- peut-on réduire la quantité de matière utilisée ?
- Utiliser des matériaux recyclés ou biosourcés à la place de ressources carbonées ?
- Améliorer l’efficacité énergétique d’un produit en phase d’usage chez le client ?
Par exemple, un fabricant d’électroménager pourra développer des appareils consommant moins d’électricité ou d’eau.
Si vous opérez dans le numérique, intégrez des principes de Green IT (logiciels éco-conçus, serveurs alimentés aux énergies renouvelables…). Innover, c’est aussi explorer de nouveaux modèles économiques plus sobres : économie de la fonctionnalité (vendre l’usage plutôt que le produit), offres de maintenance pour prolonger la durée de vie des équipements, solutions de partage ou de location, etc.
Ces idées peuvent réduire l’empreinte carbone tout en ouvrant de nouvelles opportunités de business. Encouragez la recherche & développement en interne sur les technologies propres liées à votre secteur. Par exemple, dans le BTP, investir dans des bétons bas-carbone ou des techniques de construction bois; dans l’industrie, développer des procédés sans combustible fossile (four électrique, hydrogène vert…).
Non seulement ces innovations contribuent à vos objectifs climat, mais elles renforcent aussi la résilience et la compétitivité de votre entreprise en la positionnant comme pionnière sur des offres durables.
9. Suivez vos progrès et ajustez votre stratégie de décarbonation régulièrement
Piloter la décarbonation de son entreprise est un processus d’amélioration continue. Il est indispensable de mettre en place des indicateurs de suivi et des outils pour mesurer l’avancement de vos actions. Voici quelques idées concrètes en la matière :
Continuez à réaliser un bilan GES chaque année (ou tous les deux ans) afin de quantifier les réductions d’émissions obtenues et de les comparer à vos objectifs intermédiaires.
Suivez des KPI carbone pertinents, par exemple :
- émissions de CO2 par unité produite par euro de chiffre d’affaires
- taux d’énergies renouvelables dans la consommation,
- etc.
L’utilisation d’un logiciel de pilotage qui fournit un tableau de bord carbone facilitera le reporting et l’analyse de vos données d’émission. Chez take[air], c’est d’ailleurs un outil que nos experts carbone ont réfléchi et pensé d’abord pour leur propre utilisation ! Vous pouvez aller faire un tour ici pour en découvrir davantage.
Partagez régulièrement ces résultats en interne pour garder vos équipes motivées et montrer ce qui fonctionne ou pas. Sur la base des données collectées, ajustez votre stratégie : si une action n’apporte pas les réductions attendues, comprenez pourquoi et adaptez-la ou remplacez-la.
A contrario, amplifiez les mesures qui se révèlent particulièrement efficaces. Vous pouvez également faire évaluer votre démarche par des experts externes ou suivre des cadres de référence reconnus.
En bref, garder un œil sur le tableau de bord et être prêt à corriger le tir vous assurera de rester sur la bonne trajectoire vers la neutralité carbone.
10. Compensez les émissions résiduelles de manière responsable
Même avec tous ces efforts de réduction, il restera sans doute des émissions incompressibles liées à votre activité (par exemple, certaines étapes de production difficiles à décarboner à 100% avec les technologies actuelles). Pour atteindre la neutralité carbone, vous pouvez compenser ces émissions résiduelles en investissant dans des projets externes de réduction ou de stockage de carbone.
La compensation carbone ne doit pas être un prétexte pour éviter les réductions internes, mais bien un complément final dans votre stratégie.
Identifiez des projets de qualité et certifiés dans lesquels investir :
- programmes de reforestation ou d’agroforesterie
- projets d’énergies renouvelables (éolien, solaire) dans des régions dépendantes du charbon
- initiatives de protection de forêts menacées
- développement de technologies de capture de CO₂
- etc.
En finançant ce type de projets, vous absorbez ou évitez une quantité de CO₂ équivalente à vos émissions résiduelles. Assurez-vous de choisir des crédits carbone vérifiés (par des labels reconnus comme le Label Bas-Carbone en France, Gold Standard, ou Verra) pour garantir l’impact réel de votre compensation.
Par exemple, une entreprise peut décider d’allouer une part de son budget climat à la plantation d’arbres ou à la restauration de zones humides, en lien avec des organismes spécialisés, afin de compenser, disons, les émissions liées à l’usage de ses produits chez ses clients.
Communiquez de façon transparente sur votre démarche de neutralisation (quelles émissions sont compensées, via quels projets) pour conserver la confiance de vos parties prenantes.
En compensant de manière responsable ce que vous ne pouvez pas (encore) éliminer, vous franchissez la dernière étape vers le zéro émission nette !
Pour conclure sur le pilotage d’une stratégie de décarbonation…
La décarbonation d’une entreprise en 2025 peut sembler un défi de taille, mais en appliquant ces 10 idées clés, vous avez toutes les cartes en main pour piloter efficacement votre stratégie climat.
De la mesure initiale de vos émissions jusqu’au suivi des progrès en passant par l’innovation et l’engagement de tous, chaque étape vous rapproche de vos objectifs bas-carbone. N’oubliez pas que cette transition est un processus continu d’apprentissage et d’amélioration : célébrez vos victoires intermédiaires, tirez parti des retours d’expérience et restez agile dans votre approche.
Que vous soyez une PME ou une multinationale, une stratégie de décarbonation bien menée est non seulement bonne pour la planète, mais aussi pour la performance de votre entreprise sur le long terme.
En embarquant vos équipes et vos partenaires dans cette aventure, vous insufflez une dynamique positive qui va au-delà de la simple réduction des émissions – c’est toute votre organisation qui gagne en résilience, en innovation et en valeur. Il n’y a pas de petit pas dans cette direction : l’important est de commencer dès aujourd’hui et de persévérer !
Vous savez que la décarbonation est un enjeu clé, mais vous ne savez pas par où commencer ?
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