Le train, avec ses 49 000 km de voies ferrées en France, est le moyen de transport le moins polluant au monde (après la marche et le vélo, bien entendu.) Un avantage significatif quand on sait que le secteur des transports est responsable de plus de 30 % des émissions de gaz à effet de serre en France.
Néanmoins, le train n’est pas complètement vert. Eh oui, sa fabrication, sa maintenance et son utilisation ont un impact sur notre environnement.
Alors, quel est le bilan carbone du train ? Quels éléments doivent être pris en compte pour le calculer ? Et comment diminuer son impact ?
On répond à toutes ces questions dans cet article.
Comprendre le Bilan Carbone© du train
Pour rappel, le Bilan Carbone © est un outil mis en place par l’ADEME pour calculer les émissions de gaz à effet de serre (GES) émises par un produit, un individu ou une organisation.
Ici, pour calculer avec précision le Bilan Carbone© du train, il faut prendre en compte plusieurs choses, notamment :
- Le type de train utilisé : TGV, intercité, transilien ou TER, car tous n’ont pas la même empreinte carbone ;
- La fabrication : l’extraction et la transformation des matières premières, la production des divers éléments du train et son processus d’assemblage ;
- L’utilisation : la provenance de l’électricité (source durable ou fossile), son efficacité énergétique ainsi que son taux d’occupation ;
- La maintenance : l’entretien du train et des infrastructures, notamment les voies ferrées et les gares ;
- La fin de vie : le recyclage des matériaux et la gestion des déchets.
💡 Le saviez-vous ? La SNCF affirme que 95 % des matériaux d’un train sont revalorisés et recyclés une fois hors-service.
L’empreinte carbone du train en chiffre
Pour estimer l’empreinte carbone d’un voyage en train, il faut multiplier la distance parcourue par le taux moyen d’émissions de CO₂ par voyageur et par kilomètre, en prenant en compte le type de train utilisé.
Pour vous aider à calculer l’impact environnemental de vos trajets, il est possible d’utiliser le simulateur en ligne de l’ADEME. (On vous met le lien.)
Cet outil vous renseigne sur la quantité de CO₂e que vous émettez lors de votre itinéraire, et ce, en fonction du type de transport utilisé (train, avion, voiture, vélo, etc.) Il prend aussi en compte les émissions directes, la construction des véhicules (fabrication, maintenance et fin de vie) ainsi que la production et la distribution de carburant et d’électricité. En revanche, la construction des infrastructures (routes, rails, aéroport…) n’est pas incluse.
Ainsi, selon le calculateur de l’ADEME, l’empreinte carbone d’un passager varie selon le train utilisé. Par exemple, parcourir 10 km émet :
- 0,03 kg de CO₂e /personne en TGV ;
- 0,09 kg de CO₂e /personne en intercité ;
- 0,10 kg de CO₂e /personne en RER ou transilien ;
- 0,28 kg de CO₂e /personne en TER.
À titre de comparaison, pour la même distance :
- une voiture à moteur thermique émet 2,18 kg de CO₂e ;
- un bus à moteur thermique émet 1,13 kg de CO₂e ;
- une moto émet 1,91 kg de CO₂e ;
- un avion (court-courrier) émet 2,59 kg de CO₂e ;
💡À noter : La construction d’une nouvelle ligne (gares, rames, tunnels, viaducs…) produit initialement une quantité importante d’émissions de GES. Néanmoins, à long terme, les avantages environnementaux l’emportent sur ces émissions initiales. C’est notamment le cas de la ligne à grande vitesse reliant Dijon à Belfort. Après 12 ans d’utilisation, les réductions d’émissions – provenant du fait que les individus choisissent le train plutôt que la voiture – dépassent les émissions totales générées par la construction, l’exploitation et l’entretien de la ligne (d’après le Bilan Carbone© de la LGV Rhin-Rhône.)
L’empreinte carbone d’un trajet en train VS en voiture et en avion
Prenons des exemples pour bien comprendre le Bilan Carbone © du train.
👉 Toujours d’après le calculateur de l’ADEME, un voyage de Paris à Toulouse en TGV (soit 820 km) émet 2,4 kg de CO₂e /personne.
En voiture (à moteur thermique), ce même trajet émet 148 kg de CO₂e et 152 kg de CO₂e par avion.
Ainsi, les émissions sont environ 60 fois plus élevées en voiture ou en avion qu’en train.
👉 Prenons un autre exemple en comparant le train à la voiture électrique avec un trajet plus court.
Un voyage entre Toulouse et Marseille (soit 427 km) émet 1,25 kg de CO₂e /personne en TGV et 3,83 kg de CO₂e avec un intercité.
En comparaison, ce même trajet en voiture électrique émet 41,7 kg de CO₂e, soit des émissions entre 11 et 33 fois plus élevées que celles du TGV ou de l’intercité.
Ainsi, qu’importe la longueur du trajet, le train reste sur le moyen de transport le plus écologique, bien loin devant l’avion et la voiture !
Pourquoi le train émet-il peu de gaz à effet de serre ?
Tout d’abord, la source énergétique du train est l’une des raisons de ses faibles émissions de CO₂.
En effet, en France, 60 % du réseau ferroviaire est électrifié. Cette électricité provient en grande partie de sources d’énergie décarbonée : l’énergie nucléaire et renouvelable.
D’ailleurs, on considère le transport ferroviaire comme l’un des pionniers de la transition énergétique.
À l’inverse, l’avion fonctionne lui au kérosène : une énergie fossile dérivée du pétrole qui émet énormément de CO₂ et tout un tas d’autres polluants. Quant à la voiture thermique, son moteur fonctionne en brûlant du carburant, ce qui génère là aussi des gaz composés principalement de CO₂. Pour les voitures électriques, la fabrication des batteries nécessite de nombreuses matières premières, dont l’extraction demande de grandes quantités d’eau et d’énergie, ce qui alourdit leur empreinte carbone.
Autre argument qui fait que le train est imbattable en termes d’émissions de CO₂ : sa capacité de transport.
En effet, un train peut transporter un grand nombre de passagers ou de marchandises dans une seule rame, ce qui permet de réduire les émissions de CO₂ par personne ou par unité de marchandise transportée.
Par exemple, un TGV peut embarquer plus de 350 passagers et jusqu’à 1250 pour un TGV duplex en configuration Ouigo. À titre de comparaison, un avion A380 accueille entre 400 et 540 passagers maximum. Quant à la voiture, sa moyenne d’occupation est seulement de 1,5.
De plus, certains systèmes de train utilisent la récupération d’énergie cinétique (ERS) lors du freinage. Ainsi, à chaque fois qu’un train freine, son énergie cinétique est convertie en électricité afin de la renvoyer dans le réseau et d’alimenter les auxiliaires du train (climatisation, chauffage, ventilation, éclairage…). Ce système contribue donc à réduire la consommation énergétique d’un train.
Enfin, les voies ferrées sont conçues pour minimiser les pentes et les virages serrés, ce qui réduit, là aussi, la quantité d’énergie nécessaire pour déplacer le train.
Comment réduire l’empreinte carbone du train ? Les solutions
Bien que le train s’avère être le moyen de transport le plus écologique, il contribue néanmoins au réchauffement climatique. Ainsi, la SNCF s’est engagée à diminuer ses émissions et ainsi à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2035.
Pour répondre à cet objectif et réduire le Bilan Carbone © du train, plusieurs pistes voient le jour. 👇
- Améliorer l’efficacité énergétique des trains et moderniser les infrastructures afin de réduire les pertes d’énergie ;
- Introduire davantage les nouvelles technologies visant à récupérer l’énergie (ERS) ;
- Développer les trains alimentés par une pile à hydrogène pour remplacer les moteurs diesel qui sont responsables de 27 % de l’énergie consommée par TER et 77 % des émissions de CO₂. La SNCF prévoit d’ailleurs de mettre en service 12 rames dans 4 régions à l’horizon 2025 ;
- Remplacer le diesel par du biocarburant B100 produit à partir d’huile de colza afin de réduire de 60 % les émissions de gaz à effet de serre. Des essais prometteurs ont d’ailleurs été réalisés sur la ligne Paris-Granville en 2021 ;
- Remplacer les moteurs diesel des TER par des batteries au lithium d’ici à 2025 afin d’économiser jusqu’à 20 % d’énergie. Alstom affirme que ces batteries ont une durée de vie de 10 ans et une autonomie de 80 km grâce à l’énergie générée par le freinage, qui est récupérée et stockée dans ces batteries — une belle performance ! Néanmoins, comme pour les voitures électriques, la construction de ces batteries à de lourdes conséquences environnementales. Ainsi, la loi européenne impose leur recyclage à hauteur de 50 %.
💡 Le saviez-vous ? Les trains de nuit sont aussi une excellente solution pour réduire l’empreinte carbone de votre voyage. En effet, leur vitesse est réduite et les arrêts sont moins nombreux, ce qui permet donc de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Une excellente alternative pour un vol court-courrier.
Bilan Carbone Train : En bref ?
Vous l’aurez compris, l’idéal est de choisir le train pour vos déplacements. Comparé au bilan carbone de l’avion ou de la voiture, il émet bien moins de CO₂ !
Son réseau électrifié, sa capacité de transport et son efficacité énergétique expliquent sa position en tête du classement des moyens de transport les plus respectueux de l’environnement. (En-dehors du vélo et de la marche. )
De plus, les avancées technologiques telles que les systèmes de récupération de l’énergie, les trains à hydrogène, au biocarburant et à batterie continuent d’améliorer le Bilan Carbone du train.