Embarquer ses fournisseurs ET ses collaborateurs dans sa stratégie climat : mission (im)possible ?

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Engager à la fois les fournisseurs et les collaborateurs dans la stratégie climat de l’entreprise peut ressembler à une mission impossible. Pourtant, face à l’urgence climatique, c’est une démarche incontournable. Non seulement les entreprises doivent réduire leurs propres émissions, mais elles doivent aussi entraîner dans l’aventure l’ensemble de leur chaîne de valeur – des partenaires externes jusqu’aux employés en interne. En effet, la majeure partie de l’empreinte carbone de nombreuses entreprises se situe hors de leurs murs, notamment via les fournisseurs : les émissions indirectes (dites scope 3 dans le jargon) représentent en moyenne près de 90 % des émissions d’une entreprise.
Parallèlement, les salariés jouent un rôle clé : une étude récente a révélé que 83 % des employés souhaitent agir sur le climat dans le cadre de leur travail​, mais 77 % se disent insatisfaits du manque d’actions de leur employeur​.

Comment, dès lors, mobiliser ces deux piliers que sont fournisseurs et collaborateurs pour transformer une ambition climat en réalité ? Mission impossible ? Voyons comment rendre cette mission possible.

 

 

Pourquoi mobiliser toute la chaîne de valeur sur le climat ?

 

 

Impliquer les fournisseurs est vital car les émissions qu’ils génèrent pour le compte de l’entreprise (production des matières, transport, énergie, etc.) dominent souvent le bilan carbone global. Sans leur engagement, une stratégie climat d’entreprise passe à côté de l’essentiel. Comme le souligne un rapport, les émissions scope 3 en amont peuvent constituer jusqu’à 70 % du total d’une entreprise dans les chaînes d’approvisionnement complexes. Autrement dit, pas de neutralité carbone possible sans décarboner aussi les achats, la logistique et les intrants. Des géants comme Apple l’ont bien compris : Apple a convaincu plus de 250 de ses fournisseurs (représentant 85 % de ses achats) de passer à l’électricité 100 % renouvelable d’ici 2030​.

Ne pas embarquer les collaborateurs serait tout aussi risqué. Ce sont eux qui, au quotidien, mettent en œuvre (ou non) les bonnes pratiques et innovations vertes. Sans adhésion interne, les plus belles stratégies restent lettre morte.

 

D’ailleurs, 86 % des entreprises affirment aujourd’hui sensibiliser leurs salariés aux enjeux environnementaux​ – signe que la transition passe par l’humain. Des employés bien informés et motivés peuvent devenir de véritables ambassadeurs du climat en interne, proposant des idées d’écoconception, repérant les gaspillages d’énergie, et véhiculant le message auprès des clients.
À l’inverse, si l’entreprise prône une ambition environnementale sans la faire vivre en interne, elle s’expose à la désillusion de ses troupes. Plus de trois quarts des salariés jugent insuffisantes les actions climat de leur employeur​, et 93 % disent ne pas savoir comment concrètement contribuer à la stratégie durable de leur entreprise​. Autant dire qu’il y a urgence à donner du sens et des moyens d’action aux équipes.

 

 

 

Engager ses fournisseurs : défis et leviers d’action

 

 

Travailler main dans la main avec ses fournisseurs sur le climat n’a rien d’évident. Plusieurs freins expliquent pourquoi on parle de mission (im)possible :

 

 🔸 Mesurer et comprendre les émissions : « On ne peut réduire que ce que l’on sait quantifier » rappelle un expert​. Or, obtenir des données carbone fiables de la part de tous ses fournisseurs relève du parcours du combattant. La multitude d’acteurs (parfois des centaines de sous-traitants aux quatre coins du globe) rend la collecte de données exhaustive extrêmement ardue. Beaucoup de petits fournisseurs n’ont pas encore les outils ni la culture pour suivre leurs émissions. Résultat, l’entreprise cliente avance souvent à l’aveugle sur son scope 3, avec le risque de sous-estimer son impact réel.

 

🔸 Priorités pas toujours alignées :  Historiquement, la relation client-fournisseur se focalise sur le coût, la qualité et les délais. Ajouter des exigences climatiques peut être perçu comme une contrainte supplémentaire, potentiellement en conflit avec ces critères classiques​. Si réduire les émissions implique des investissements (machines moins émettrices, nouveaux process…), qui paiera la note ? Le fournisseur aura tendance à répercuter les coûts sur ses prix, et le client n’est pas toujours prêt à payer plus cher pour un produit plus vert​. Le rapport de force économique entre les parties joue alors un rôle clé : un grand donneur d’ordre peut imposer des conditions à de petits fournisseurs, tandis qu’un fournisseur incontournable pourra difficilement être contraint par son client. Dans ce jeu d’équilibre, il faut passer de la contrainte à la collaboration gagnant-gagnant.

 

🔸 Manque d’incitations : À court terme, beaucoup d’initiatives bas-carbone ne génèrent pas de bénéfices immédiats pour le fournisseur, en dehors d’éventuelles économies d’énergie. Tant qu’il n’y a pas de signal prix du carbone clair (taxe ou bonus), l’élan repose surtout sur la réglementation et la pression des clients. Heureusement, la réglementation se durcit (devoir de vigilance, reporting extra-financier type CSRD, taxonomie verte, etc.), créant un contexte plus favorable à l’action climatique dans la chaîne d’approvisionnement​.

 

 

Mais alors, comment embarquer ses fournisseurs ?

 

 

🔹 Cartographier et prioriser la chaîne d’approvisionnement : identifier les fournisseurs stratégiques qui pèsent le plus lourd dans l’empreinte carbone. Souvent, une part majoritaire des émissions provient d’un nombre restreint de fournisseurs critiques. En concentrant l’effort sur ces partenaires clés, on maximise l’impact.

 

🔹 Intégrer le climat dans les critères d’achat : inclure des exigences environnementales dans les appels d’offre et contrats (ex. approvisionnement en énergies renouvelables, plan de réduction d’émissions, reporting annuel de leur empreinte carbone). Il s’agit de faire du CO₂ un paramètre de choix au même titre que le prix ou la qualité.

 

🔹 Co-construire des plans d’action avec les fournisseurs : plutôt que de simplement imposer, proposer un accompagnement. Former les fournisseurs moins matures (ateliers, partage de bonnes pratiques), co-investir dans des solutions (par exemple, aide à l’installation de panneaux solaires chez un fournisseur critique), ou encore mutualiser certaines ressources (groupements d’achats d’énergie verte, outils communs de suivi carbone).

 

🔹 Reconnaître et valoriser les progrès : publier des classements ou récompenses des fournisseurs les plus engagés, donner de la visibilité aux réussites (cas d’étude, communiqués communs). Ce cercle vertueux encourage les fournisseurs à se dépasser et montre concrètement que l’effort paie (meilleure image, relation renforcée avec le client donneur d’ordre, etc.).

 

En somme, engager les fournisseurs demande du temps et du dialogue, mais ce n’est pas impossible. Avec une bonne combinaison de fermeté (objectifs clairs, suivi) et d’accompagnement (outil, financement, expertise partagée), on transforme une obligation en opportunité commune.

 

 

Mobiliser les collaborateurs : du discours à l’action

 

 

Une stratégie climat ne peut réussir sans la mobilisation des équipes en interne. Là aussi, certains écueils guettent :

 

♦️ Manque de sensibilisation : un salarié non formé aux enjeux climat risque de ne pas saisir l’importance des gestes quotidiens (éteindre les appareils, optimiser ses déplacements pro, etc.) ni le lien avec son métier. Or, actuellement près de deux tiers des employés ne peuvent pas expliquer clairement les engagements climat de leur entreprise​. La première étape est donc la formation et la sensibilisation de tous. De plus en plus d’entreprises organisent des ateliers ludiques type Fresque du Climat pour éduquer et faire prendre conscience de manière participative. Ces fresques ou d’autres formations interactives créent un déclic et un socle de culture commune.

 

♦️ Cohérence et exemplarité : les collaborateurs adhéreront d’autant plus à la stratégie climat que l’entreprise sera cohérente entre ses paroles et ses actes. Si le siège prône la sobriété carbone mais que les pratiques quotidiennes ne changent pas (bureaux énergivores, gaspillage, voyages inutiles…), l’enthousiasme retombera vite. Il est donc crucial d’aligner le cadre de travail sur les objectifs verts : bâtiments éco-efficients, offres de restauration responsable (ex. menus végétariens, produits de saison), facilitation du tri des déchets, encouragement du covoiturage ou du vélo, etc. Ces mesures concrètes démontrent aux employés que la transition s’incarne au quotidien et pas seulement dans des rapports RSE.

 

♦️ Engagement et reconnaissance :

pour passer du discours à l’action, rien de tel que d’impliquer activement les salariés. Il peut s’agir de créer des groupes de travail transverses (green teams), de lancer des défis internes (concours d’idées pour réduire l’empreinte carbone du bureau, challenge de mobilité durable, etc.), ou de permettre aux volontaires de dédier du temps à des projets environnementaux. Par ailleurs, intégrer des objectifs climat dans les fiches de poste ou les évaluations annuelles est un levier puissant : par exemple, inclure un critère de réduction des déchets ou d’initiative verte dans l’évaluation des managers envoie le message que c’est une priorité collective. La réussite de la stratégie climat devient alors un objectif partagé à tous les niveaux, et chacun peut se sentir acteur du changement.

 

En impliquant leurs collaborateurs, les entreprises peuvent non seulement accélérer la mise en œuvre de solutions écologiques, mais aussi renforcer la motivation et la fierté d’appartenance. Un salarié qui voit son entreprise en pointe sur le climat aura tendance à être plus engagé et loyal. À l’heure où les jeunes talents choisissent de plus en plus leur employeur en fonction de ses valeurs environnementales, c’est un atout non négligeable.

 

 

 

Pour conclure

 

Convaincre à la fois ses fournisseurs et ses collaborateurs d’embarquer dans la stratégie climat de l’entreprise est un défi de taille, mais certainement pas une mission impossible. Les défis techniques, économiques et humains sont réels, mais les exemples inspirants ne manquent pas pour montrer la voie. En partageant une vision commune, en outillant et en motivant chacun des acteurs de votre chaîne de valeur, vous pouvez transformer vos engagements climatiques en actions concrètes et mesurables. La transition écologique d’une entreprise est un sport d’équipe : elle se gagne avec tous ses partenaires. Et vous, jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour faire de cette mission climatique un succès collectif ?

 

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